Le feu ronflait dans l’antre de la cheminée laissant s’échapper un souffle d’air chaud qui venait doucement flatter les joues du professeur. Penché au-dessus de son bureau, comme tout enseignant digne de ce titre, par un vendredi soir, James faisait ce qu’il devait. Les copies d’élèves de quatrième allaient de-ci de-là sur la surface de travail, sinuant entre les différents rouleaux de parchemin et les plumes ternies par un usage abusif. Bref, le professeur de métamorphose dormait profondément. La porte de son bureau était légèrement entrouverte et on entendit alors distinctement un murmure dans l’ambiance paisible qui gravitait autour du jeune homme grand et mince. C’est d’ailleurs ce bruit qui le réveilla. Étant habitué au roulement du feu, la moindre étincelle de ce qui y était étranger jaillissait comme une explosion à ses oreilles. C’est donc en sursaut que James se réveilla et s’aperçu, loin de peaufiner son image, qu’il avait un morceau de parchemin toujours collé sur la joue…
Que voulez-vous, un professeur n’est malheureusement pas un être divin… Il retira le parasite de son minois et se leva doucement de sa chaise. Une bouffée de chaleur l’envahit en même temps que Mr Faucett se hissait de peine et de misère de toute sa hauteur. Il avait trop dormit et il le savait. Encore un peu étourdi, il s’accorda un bâillement sans mettre la main devant la bouche comme le lui avait appris sa mère à un très jeune âge. C’est beau la maturité et la liberté de l’indépendance! À chacun ses petits plaisirs de la vie quoi… Arrivé à pas de loup devant l’entrebâillement de la porte qui donnait sur un couloir légèrement perdu dans une section très peu fréquentée du château, on pouvait encore entendre des bruits de pas traînants qui déambulaient dans le corridor.
* Tien, tien, les élèves font la grève du sommeil? *
Histoire de remémorer à ces petits vilains les règlements de Poudlard, James sentit une partie de lui remonter à la surface. Un instinct plus sauvage et déterminer qu’il n’avait l’habitude d’avoir en temps normal (quoique ceci pourrait bien faire l’objet d’un bon débat assez intéressant, mais dont il n’est pas vraiment question dans cette petite partie d’histoire…). Ainsi donc, sa mâchoire le fit souffrir pendant quelques secondes, secondes d’une concentration assez intense. Il sentait ses épaules se déboîter, mais de la même manière que si toutes ces sensations étaient si distantes de lui. Il leva son museau et distingua, il en était sûr, une forme humaine qui descendait à présent les escaliers. Détallant telle une locomotive (et oui, les furet ont le corps long ^^), notre petit carnivore adoré arriva, suite à une longue poursuite à travers le château, …
* Est-ce qu’il connaît son chemin? Ou s’il ne fait que flâner dans les couloirs? *
… à s’arrêter net lorsque l’être qui lui avait servi de guide dans la noirceur s’immobilisa. James sentait ses moindres mouvements, mais ne pouvait toutefois les distinguer clairement (C’est le même principe qui fait en sorte que les écureuils se font quand même écraser…). De toute façon, lorsqu’on est une petite bête à fourrure, il est plutôt rare que l’on garde une parfaite conscience de nos volontés alors pas étonnant de retrouver l’ami en situation de doute.
*… pourquoi est-ce que je le suis déjà?... Tien, le bas de ce portrait est rongé… il y a donc des souris dans le cachot? *
Alléché par de nouvelles proies potentielles, le professeur entra dans les cuisines de Poudlard en même temps que son collègue.
Il reniflait ici et là, quand soudain, elle arriva. Envoûtante et légère. Sublime et onctueuse à la fois. Oui, une odeur de festin vint planer jusqu’à la truffe du maître de métamorphose. Humain ou animal, peu importe, James n’aurait jamais résisté. Peut-être est-ce dû à ce trait de caractère si proche de sa propre personnalité que le jeune homme se rappela enfin pourquoi il était là. De tout évidence, c’était un élève qui avait faim. Profitant donc du moment ou celui-ci était parti chercher de quoi se servir, Mr Faucett fit le « vide intérieur » et on le reconnu bientôt comme étant sa version sur deux pattes. Blotti dans un coin de la pièce, derrière un gros chaudron, le professeur sortit sa baguette magique et la pointa directement sur les victuailles qui auraient sûrement servies de repas de roi au drôle d’élève avec un appétit aussi incongru (possible? À vous d’en douter…) que celui de notre Animagus.
James se referma contre ses genoux, hors de vu et en lieu sûr derrière l’énorme batterie de cuisine. Le cri qui en résulta lui prouva qu’il avait bel et bien réussit son petit tour de passe-passe. Cependant, ce soi-disant triomphe n’afficha guère de sourire sur le visage mince de l’enseignant de métamorphose. En effet, la voix qu’il avait ainsi animé par cette sotte plaisanterie s’avéra être une voix beaucoup plus grave que celle qu’il avait peut-être escompté lors d’un vague moment d’imagination.
James Faucett allait-il se révéler? Allait-il oser se dénoncer ou peut-être préférait-il continuer ce petit jeu qui lui rappelait très bien son adolescence… ? Il serait difficile d’y répondre, puisqu’au moment précis où le fautif décida d’entreprendre une action, le portait de la cuisine pivota et quelqu’un y entra sûrement attiré par les cris de désespoir qu’avait lancé l’inconnu affamé.
(hj: haaaa... ça faisait longtemps que je n'avais pas mis le nez hors de ma salle de classe moi ^^!)